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nous domine plus : on le domine. Tout est là.

Pour me rendre compte nettement des effets d’un obus, je suis allé avec Hutin dans un carré de grands topinambours où il vient d’en tomber un de gros calibre. Il a ouvert au milieu du champ un entonnoir d’une dizaine de mètres de diamètre. Seul un projectile d’obusier à tir courbe a pu creuser un trou aussi régulier. L’obus s’abattant à peu près perpendiculairement au sol, en terrain meuble, s’enfonce profondément. Il déplace en éclatant de grandes masses de terre. Beaucoup de parcelles d’acier se perdent dans les profondeurs du champ, et la gerbe meurtrière en est d’autant réduite.

Cela se vérifie. À mesure qu’on s’éloigne du trou, les topinambours sont fauchés de moins en moins près du sol. À une douzaine de pas des bords de l’entonnoir, la mitraille n’atteint plus que les têtes des plus hautes tiges. Donc un homme couché très près du point de chute n’aurait sans doute pas été atteint. Ensuite une zone circulaire a été épargnée. Plus loin encore, çà et là, des éclats, en retombant, ont haché des feuilles et des tiges et, dans cette région, couché, on eût risqué autant que debout.

L’obus ainsi étudié perd beaucoup de son effet moral.

Un autre adjuvant au courage des canonniers