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core des spécimens de l’infanterie du 4e corps.

C’est vrai, cela ! Nos régiments de ligne, ceux surtout de la 8e division, ont terriblement souffert. Certains bataillons sont diminués des deux tiers. Dès le soir de Virton, beaucoup de compagnies ne comptaient plus que cinquante ou quatre-vingts fusils et avaient perdu tous leurs officiers. Ah ! Qu’il arrive donc enfin, de Langle !

Dans la poussière qui se fait de plus en plus épaisse, sous une chaleur qui pèse aux épaules, par des chemins déjà parcourus, nous revenons occuper au-dessus de Tailly nos positions d’hier. Ainsi, nous avons inutilement cheminé pendant plus de sept heures le long d’une grande boucle.


Encore un aéroplane allemand ! C’est une sujétion ! Sous l’ombre du rapace, nous nous sentons toujours une inquiétude enfiévrée de moineaux. L’ennemi a su perfectionner jusqu’à la virtuosité l’arme aérienne et, par malheur, nos 75 ne peuvent atteindre ces émouchets. La volée du canon n’est pas assez mobile sur l’affût. Il faut creuser une tranchée pour enterrer la bêche de la pièce. La tranchée ouverte, l’oiseau est loin.

L’avion qui vient de passer a repéré, en lâchant une étoile, une de nos batteries établie sur les hauteurs qui dominent la rivière. Mais, tout de suite, la batterie s’en est allée prendre position