Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au nord. Cela étonne et inquiète d’abord. Un conducteur, Janvier, répète pour la vingtième fois :

— Ça y est, on est entourés !…

C’est sa hantise. Vite, on reconnaît qu’un écho très sonore fait seul illusion. En réalité, on se bat surtout aujourd’hui du côté de Dun-sur-Meuse.

Nous courons à la fontaine. Le dernier Bulletin des communes y est affiché. On boit d’abord, à grandes gorgées, au moins un litre d’eau pure chacun. Ensuite, on lit. Tout va bien ! Cependant on annonce que la place de Mulhouse a été reprise. C’est donc qu’elle avait été perdue ? On s’interroge :

— Eh bien, Hutin ?

Hutin répond sans conviction :

— Pas mauvais… Mais on ne dit rien de nos affaires de la semaine dernière.

Bréjard, lui, est doué d’un optimisme que rien n’entame.

— Virton, Marville, tout cela n’est rien sur un front aussi considérable. Il y a des points qui fléchissent. Mais, ailleurs, ça va bien !

— L’embêtement est de se trouver où ça fléchit, répond Hutin.

— Ça va changer. Il va nous arriver du renfort. On dit que de Langle n’est plus qu’à une étape de marche.

— Il fera bien de s’amener s’il veut trouver en-