Les heures passent. L’ennemi ne paraît pas vouloir tenter de nouveau aujourd’hui le passage de la Meuse.
On dit ici que d’Amade a attaqué de flanc l’armée allemande qui nous est opposée, et a repris Marville.
D’Amade ! Enfin d’Amade ! Mais est-ce vrai ?
À Halles, à deux kilomètres de Beauclair, nous allons cantonner au pied des hautes côtes. L’artillerie, qui depuis longtemps s’était tue, recommence à tonner. L’ennemi, par-dessus nos têtes, bombarde les collines.
On a affecté à notre logement, pour la nuit, une grange spacieuse. Mais, lorsque à la brune nous venons nous coucher, nous trouvons notre paille jonchée de fantassins, de fusils et de sacs.
Les artilleurs récriminent d’abord.
— Alors, quoi, la biff ! Il n’y a plus moyen ?
On s’arrange, on se serrera un peu.
La grange a un étage où l’on accède par une échelle. Là-haut, le plancher est vermoulu. On bouchera les trous avec du foin.
— Alors, voilà ! Comme d’habitude, l’artillerie en haut, l’infanterie en bas. Ça va comme ça. Seulement, vous tâcherez de ne pas tirer l’échelle.
— Attention aux pieds ! Nom d’un chien !
— Fallait dire qu’il y avait quelqu’un dans la paille !