grogne Pelletier, ça ne chauffe pas, il y en aurait pour des heures.
— C’est le bois, il ne brûle pas. Il ne fait que fumer.
— Souffle dessus, Millon !
On présente à la flamme les semelles des souliers pour les faire sécher. La pluie pétille dans le feu.
— N’empêche, proclame le trompette, que, si on n’avait pas été trahis, on n’en serait pas encore là.
Je me fâche :
— Trahis ! Ça m’épatait qu’on n’ait pas encore parlé de ça !…
— Parfaitement, trahis ! On me l’a bien dit hier. C’est un général qui a livré le plan de l’armée. Je sais ce que je dis !
— Potin de camp !
— À moi aussi, on m’a raconté ça, affirme un autre.
— Potin de camp ! Du moment qu’on s’est fait frotter, ça ne pouvait pas manquer… Si on est battu, c’est qu’on est trahi ! Les Français ne peuvent pas être les moins forts ; c’est pas possible ! Tu sais pourtant qu’il y a cinq corps d’armée allemands devant nous. Ça met à se battre : un contre deux… Non… quand même. Un contre deux, on ne peut pas être battu… Tout de suite on gueule