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Jeudi 27 août.


Il a plu toute la nuit ; il pleut encore. La perspective de toutes les misères, que ce temps entraîne, gâte notre satisfaction de nous sentir dispos, après plus de dix heures de délicieux sommeil dans des granges bien closes. Les couvertures des chevaux en capuchon sur nos têtes et nous battant les jarrets, silencieux, éparpillés sur le chemin boueux où les semelles clapotent, nous regagnons le parc sous l’averse.

Les chevaux, immobiles, luisants et résignés, cherchent sans cesse à tendre la croupe à la pluie. Les garde-écurie ont réussi à faire du feu. Ils ont dû creuser de nouveaux foyers, car ceux d’hier sont inondés et les tisons noirs flottent.

Leurs manteaux ruissellent, détrempés, lourds et raides. Quelques hommes ont relevé leurs pèlerines pour se protéger la tête. En rond, les canonniers tendent leurs mains rougies à la flamme.

— Sale pluie ! Deux jours comme ça, et tout le monde aura la dysenterie.

— On crèvera de ça plutôt que des obus, déclare Hutin.

— C’est pas la peine d’essayer de faire du café,