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sage entre les arbres, du fouet et de l’éperon les conducteurs poussent leurs attelages.

La route est libre… Nous arrivons à Dun-sur-Meuse. C’est là que nous allons franchir la rivière. Le capitaine réunit les sous-officiers :

— Le pont est miné. Prévenez vos conducteurs qu’ils prennent garde aux sacs placés des deux côtés de la chaussée. C’est de la mélinite.

Pour nous livrer passage, les sapeurs jettent des planches sur la tranchée qu’ils ont ouverte au milieu du pont.

Les dernières voitures de la colonne n’ont pas fait deux cents mètres sur la rive gauche de la Meuse, lorsqu’une explosion nous secoue sur nos coffres. Le pont vient de sauter. Derrière nous, un grand nuage blanc se développe en lourdes volutes, masque la moitié de la ville.


Comme nous attendons des ordres, par pièces doublées, dans un champ, un cri retentit :

— V’là le vaguemestre !

— Ah ! Enfin !

— Aux lettres !… aux lettres !… Un homme par pièce.

Depuis huit jours nous attendions des nouvelles. On s’isole pour les lire.


Décidément, la bataille du samedi 22 s’appellera la bataille de Virton.