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bataillon. Quels terribles assauts demain nous réserve-t-il ?

Un capitaine d’infanterie interpelle Astruc, juché sur le grand cheval du lieutenant Hély d’Oissel.

— Eh là ! canonnier !

— Mon capitaine !

— Mais nom d’un chien, c’est bien Tortue !

— Tortue ! Qu’est-ce que c’est que ça, Tortue ?

— C’est mon cheval que j’ai perdu. Il n’y a pas de doute. Descendez. Donnez-moi mon cheval.

Astruc se récrie :

— C’est le cheval du lieutenant, mon capitaine. Il faut que je le lui ramène. Ah bien ! qu’est-ce qu’il me dirait !…

— Moi, je vous dis de descendre. Je reconnais bien ma selle, n’est-ce pas ? Et la bête… elle, me reconnaît… Vous voyez, il n’y a pas de doute… C’est bien Tortue, ma jument que j’ai perdue à Ethe.

— Mais, mon capitaine… C’est un cheval !

Le capitaine inspecte l’animal :

— Ah ! Ah ! oui… C’est vrai… c’est curieux… J’aurais pourtant cru que c’était Tortue…

La nuit vient : la brume masse les bois autour de la clairière. Encore un épervier, plus noir, sur les nuages noirs. Peut-il nous découvrir à cette heure ? S’il nous a vus, demain, dès l’aube, nous recevrons des obus. Il tangue dans le ciel au--