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nous, nous avons voulu voir comment ça tournerait. Et puis, il a bien fallu se décider à partir aussi. Vaut mieux, n’est-ce pas ?

Nous avouons :

— Oui, ça vaut mieux.

— Alors, dites ? C’est des sauvages, tout à fait des sauvages ?

— Oui.

— Ils vont brûler nos maisons… nous ne retrouverons rien… rien que de la cendre… Quel malheur !… Vous ne pouvez donc pas les tuer tous ?

— Ah ! si on pouvait !

— Allons, hue ! la vieille.

L’attelage s’ébranle.

— Bonne chance, messieurs.

— Merci, bonne chance.

Vers le sommet des collines, il y a une grande clairière dans les bois. De là on découvre la forêt comme un manteau somptueux jeté sur les crêtes voisines, qui en atténue les arêtes et en assouplit les lignes ; on découvre toute la plaine de Woëvre que nous venons de traverser, Remoiville et le plateau de Marville où apparaît, très nette sur la nudité des terres, la ligne sombre des peupliers près de laquelle nous étions en batterie ce matin.

C’est là, dans un champ où l’avoine n’est qu’à moitié fauchée, que nous allons attendre l’ennemi. Nous devons protéger la retraite du 4e corps qui se