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Debout sur un caisson, la jumelle aux yeux, il scrute cet horizon menaçant.

— Si c’est l’ennemi, il nous tourne… il nous tourne. Il va entrer dans les bois… On ne verra plus rien… Allez donc demander au commandant.

Le commandant n’est pas plus renseigné. Les ordres qu’on lui a donnés ne concernent pas ces collines. Il regarde, lui aussi. Mais il ne reconnaît pas mieux ces masses mouvantes. Il murmure à son tour :

— Si c’est l’ennemi, il nous enveloppe.

Vite on envoie un éclaireur à cheval. L’énervement nous gagne.

Un fantassin isolé s’est arrêté près de la quatrième pièce. Il n’a plus ni sac, ni fusil. On l’interroge.

— Blessé ?

— Non.

— D’où tu sors ?

Le capitaine fait signe qu’on lui amène cet homme. Mais l’autre, qui a abandonné ses armes, ne se presse pas d’obéir.

— Qu’est-ce qu’il y a là-bas, lui demande le capitaine ?… Des Français ?

— Je ne sais pas.

— Enfin, d’où venez-vous ?

Le fantassin fait un grand geste qui désigne la moitié de l’horizon.