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pacte flotte immobile parmi les brumes grises et diffuses.

— C’est l’aéro d’hier qui nous vaut ça, déclare Hutin, que le bruit a tout à fait réveillé.

— Oui, mais trop haut.

— C’est un coup de réglage. Tu vas voir si ça va radiner dans cinq minutes.

— Allons, bridez, attelez… Vite !

Le parc s’agite. Autour des chevaux et des voitures, les canonniers se hâtent. En un clin d’œil les cordes à chevaux sont enroulées sur les pitons derrière les avant-trains, les attelages prêts à démarrer. Un obus siffle encore. On tend le dos sans s’interrompre. Des obus explosifs tombent à présent sur Marville, et d’autres, hurlant au-dessus de nous, vont s’abattre sur les crêtes voisines que l’ennemi croit garnies d’artillerie française. Les conducteurs, penchés sur l’encolure des chevaux, fouaillent leurs attelages et la colonne part au trot. Sur les côtes qui dominent à l’ouest la ville, la vallée de l’Othain et les hauteurs qui s’étendent de l’autre côté de la rivière, et d’où débouche l’ennemi, nous prenons position. Une trombe de plomb, d’acier, de feu, s’abat sur Marville. Un des premiers obus a atteint le clocher. On ne peut voir d’ici la ville. Mais de grandes fumées montent en colonnes noires toutes droites dans le ciel. Marville brûle. Dans le vacarme de la canonnade,