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partir. Une cage à serins y voisine avec une voiture d’enfant et un moïse. Et, au milieu de tout cela, sont assises des femmes entourées d’enfants. Elles pleurent ; les petits se blottissent dans leurs jupes. Des chiens autour des voitures attendent pour suivre. Nous demandons à ces pauvres gens où ils vont.

— Où voulez-vous ? On nous dit qu’il faut partir ! Nous partons… et avec des petits comme ça !

Ils nous interrogent :

— Dites, de quel côté faut-il aller ? On ne sait pas, nous autres…

Nous ne savons pas non plus ; pourtant, nous leur indiquons :

— Allez par là, par là…

Par là, c’est l’ouest. Ah ! quelle misère !


Notre bivouac est établi à l’entrée de la ville. Un ruisseau coule à proximité, et, de l’autre côté du ruisseau, il y a deux chevaux morts, sur un champ de chaume.

Le capitaine de la 10e batterie arrive au cantonnement à cheval. Nous croyions sa batterie perdue. Il raconte au commandant comment, dans les bois de Guéville, il a réussi à sauver ses quatre pièces, en abandonnant tous ses caissons. Sa batterie est en position quelque part sur les hauteurs