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allons mettre nos pièces en batterie sur une hauteur du côté de Flassigny. Mais, presque tout de suite, des ordres arrivent ; nous repartons et toujours vers l’ouest. Par une échappée entre deux collines, on aperçoit une ville lointaine : Montmédy sans doute.

Sur la route, dans un vallon, près d’un ruisseau, vers le milieu du jour, on nous arrête.

— Canonniers, descendez, pied à terre. Dérênez les sous-verge. Repos !

Le soleil est brûlant. Dans l’air, il n’y a pas un souffle frais. Nous n’avons dans nos bidons qu’un peu d’eau de l’Othain, saumâtre et tiède. Celle du ruisseau n’est pas buvable. Nous pouvons au moins nous y laver. Les hommes dorment dans les fossés. Les chevaux restent immobiles, accablés par la chaleur.


Le soir est venu lorsque notre groupe reçoit l’ordre de se rendre à Marville, sans doute pour y cantonner.

Je retrouve là un site connu. Nous avons traversé Marville en allant à Torgny. C’était alors une petite cité aimable avec des jardins fleuris, des chalets au bord de l’eau, dans les dahlias. Aujourd’hui Marville est désert. De grandes charrettes de paysans meusiens, pleines de literie, de coffres, de paniers, attendent, attelées, prêtes à