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sur l’épervier allemand qui vole bas. Les chevaux effrayés hennissent, se cabrent, tirent au renard. Plusieurs se sont détachés et galopent à travers le parc. Il nous semble que l’oiseau vacille.

— Il en a !

— Il descend !

— On dirait, mais c’est qu’il s’éloigne.

On tire encore. Depuis longtemps l’aéroplane est hors de portée.

À l’abreuvoir, dans l’unique rue du village, c’est toujours la même cohue d’hommes conduisant des chevaux par la bride, ou montés à poil, les mêmes cris pour avoir place autour de l’auge, les appels des hommes qui se reconnaissent, les injures des hommes à pied que les cavaliers bousculent, toute la vie bruyante d’un cantonnement d’artillerie. Un chasseur, qui gueule et jure, fend le courant. On crie :

— Il n’est pas plus pressé que les autres, celui-là !

— Si, un peu ! Retournez vite aux cantonnements. J’apporte des ordres !

— Qu’est-ce qu’il y a encore ?

— Tout le monde fout le camp d’ici… Et puis c’est pas le moment de s’amuser ; les Allemands ne doivent pas être loin. Ça va encore barder un coup !

Il éperonne son cheval. En hâte, nous regagnons la batterie. Est-ce une surprise ? On harnache au