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— Sacré animal, tu nous as fait peur !

Une forte étreinte des mains, et c’est tout. Mais vraiment, je me sens allégé.

Hubert est là aussi. Autour des marmites de campement, où chauffe la soupe, on s’interroge. Puis, les ordres n’arrivant pas, on dort. Au soir, nous retournons à Torgny pour cantonner.

Le commandant fait déharnacher les chevaux. C’est donc que rien ne nous menace. Je m’étire et je baille de satisfaction. Nous formons le bivouac. C’est un travail. On établit les pièces à vingt mètres d’intervalle ; entre les roues de deux pièces, on tend les cordes à chevaux. Une fois ceux-ci attachés, le harnachement disposé sur les timons des avant-trains, l’ensemble du parc doit former un quadrilatère régulier.

Nous avons mis bas nos vestes, car il fait chaud encore. Déprez distribue l’avoine ; les conducteurs tendent les musettes-mangeoires de leurs attelages.

Quelqu’un crie :

— Un aéro !

— Un boche !

En plein ciel, un oiseau noir, à queue bifide, un oiseau à grande allure de rapace, survole le parc. On court aux mousquetons. Le buste renversé pour épauler, débraillés, les chemises ouvertes sur les poitrines nues, les canonniers tirent