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— Oui, c’est épatant.

— C’est drôle, on n’entend presque pas le canon aujourd’hui.

— Ils n’ont pas l’air d’avoir profité de leur victoire d’hier pour avancer.

— Pour moi, déclare mon pointeur, on est tombé dans une embuscade. Ils nous attendaient là. Ils avaient repéré les crêtes, c’est pour cela qu’ils nous ont eus. Mais ça va changer !

— J’espère ! Ah ! bon Dieu, que j’ai envie de dormir ! Et toi ?

— Moi aussi.

Nous mangeons, sans appétit, chacun quatre bouchées de singe. Nous refermons la boîte. D’ailleurs la colonne s’ébranle.

À travers champs, nous gagnons Lamorteau, un gros bourg au bord de la Chiers, où nous formons le parc près de la rivière, en attendant des ordres.

Tout de suite la rive s’égaie de fumées qui montent droit dans l’air calme de la matinée déjà chaude. Les servants font la soupe, les conducteurs vont puiser de l’eau pour les chevaux, qu’on ne dételle pas.

Et voilà que, sur le pont de la Chiers, apparaît soudain le lieutenant Couturier, à la tête de son échelon. Lucas est avec lui. Il accourt à moi.

— Te voilà !

— Oui, vieux…