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Grèce, de là passer à Rome, et enfin s’arrêter en Ibérie : ce fut aussi la marche de la civilisation. Là, ce commerce qui avait eu une si grande extension, se ralentit, et se perdit même dans les flots des événements qui se succédèrent si rapidement, et qui préparèrent la chute de l’empire romain. Longtemps avant cette grande catastrophe, on voyait à Rome peu d’esclaves noirs. Les changemens qui se firent après le partage de l’empire, ne furent guère propres à raviver le commerce des nègres. D’ailleurs, qu’avait-on besoin d’aller à grands frais chercher en Afrique des esclaves, quand on en avait chez soi sous les noms de serfs, de gens de main-morte, etc. Aussi, pendant toute la période qui précéda le xive siècle, ce trafic fut il totalement abandonné.

Mais arrêtons-nous un instant, et demandons-nous si, pendant l’espace que nous venons de parcourir, le nègre était l’objet d’un préjugé particulier. En présence de quelques paroles de Juvénal, nous sommes autorisés à répondre non[1]). D’un autre côté, serait-il possible qu’il en existât, sans que les auteurs qui ont parlé de l’esclavage et des nègres n’eussent fait mention d’un point si capital ? Enfin, l’esclave nègre était simplement confondu dans la classe ordinaire des autres esclaves, et

  1. Juvén. sat. 6.