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jugement de l’écrivain. Je laisse les injures à qui ne peut défendre sa cause avec de bonnes raisons. Si mon cœur se soulève quelquefois d’horreur en parlant des maux de mes frères, j’aurai toujours devant mes yeux votre admirable patience et votre modération, ô vénérable Grégoire ! Et vous tous, philanthropes des deux mondes, qui avez consacré vos veilles à la défense des infortunés Africains, grâces vous soient rendues ! Vous les avez appelés vos frères, et vous avez réclamé pour eux une place au banquet de la civilisation. Ni l’or, ni les grandeurs n’ont stimulé votre courage ; mais vous avez su qu’en un coin du monde les lois de la justice et de l’humanité étaient violées, votre âme s’en est émue, et vous avez parlé au nom de la morale : grâces vous soient rendues !

Si nous remontons aux premiers âges de l’histoire, nous trouvons l’esclavage établi chez les peuples les plus civilisés comme chez les plus barbares. L’idée de la servitude d’une portion de l’humanité au profit d’une autre s’était identifiée avec les mœurs. Quel peuple l’a vue naître ? Qui le premier l’a imposée et qui l’a le premier subie ? On ne saurait le dire : son origine se perd dans la nuit des temps. Tout individu, quelle que fut sa naissance, son état, son éducation, sa couleur, pouvait devenir esclave, soit par le droit de la guerre, soit par le droit civil, soit par mille autres moyens.