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philosophie des XVIIIe et XIXe siècles, et le zèle infatigable des amis de l’humanité, pour opérer dans l’opinion publique ce changement dont l’Angleterre vient de donner le plus généreux et le plus solennel exemple.

Du milieu de cette foule de philanthropes éclairés qui s’occupèrent de l’émancipation des noirs avec les Wilberforce, les Clarkson, les Granville Sharp, les Brissot, s’éleva un homme, un prêtre, dont toute la vie ne fut qu’un continuel sacrifice à la liberté ; un homme qui servit son Dieu avec autant d’ardeur et de foi à la tribune que sur les autels, car il avait compris que défendre les droits des peuples, c’était en même temps défendre les malheureux, c’était remplir une mission sainte : cet homme fut Grégoire. Moins heureux que son digne ami Wilberforce, point ne lui fut donné de voir les vœux de toute sa vie — l’abolition de l’esclavage — se réaliser. Mais toujours occupé des malheureux nègres, la mort le surprit pensant encore à eux, et pour leur laisser un dernier témoignage de sollicitude, il mit au concours le sujet suivant : Quels sont les meilleurs moyens d’extirper les préjugés des blancs contre la couleur des Africains et des sangs mêlés ? C’est le sujet que je me propose d’examiner. Nègre, je n’imiterai point la haine des ennemis de ma couleur, et mes paroles seront sans fiel. La passion égare souvent la plume et le