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de la Nature.

La Nature ne compoſe point ſon ouvrage ſur un ſeul modèle, mais elle ſe joue dans ſon inépuiſable variété ; elle fait ſuccéder l’une forme à l’autre, ne ſe contente pas d’un ſeul type, mais ſe plaît à jouir immutablement de toute ſa force.

Les Regnes de la Nature, qui font l’enſemble de notre Planète, ſont encore au nombre ternaire dans les rapports ſuivans ;

Le Minéral, groſſier, occupe l’intérieur de la ſurface, où il eſt formé dans les terres par des ſels, où il eſt mêlé au hazard, où il ſe modifie par accident.

Le Végétal, verdoyant, couvre la ſuperficie, où il pompe les ſucs terreſtres par ſes plus tendres racines, où il reſpire les ſubſtances éthérées au moyen de ſes feuilles agitées ; où il célèbre des noces ſolemnelles par l’union des ſexes dans ſes fleurs épanouies, & produit des ſemences qui aux temps préſcrits ſeront confiées au ſein fécond de la terre.

L’Animal, pourvu de ſens, fait l’ornement des parties extérieures ; où il ſe meut volontairement, où il reſpire, où il engendre ; il y eſt preſſé par la faim impatiente, excité par l’amoureux deſir, troublé par la triſte douleur. En dépouillant les végétaux, en devenant tour à tour la proie l’un de l’autre, il conſerve à tous les genres le nombre proportionnel qui en aſſure la durée.

L’Homme, doué de ſageſſe, le plus