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a fait une description savante de la poésie vernaculaire des Anglo-Saxons. Ce qui la caractérise principalement semble être une inversion constante dans la phrase avec l’usage fréquent de la consonance, de la métaphore et de la périphrase. Il paraît qu’on ne recherchait ni ne rejetait la rime. Elle ne se rencontre que rarement. Il est difficile, peut-être même impossible, de réduire la mesure à des règles certaines. Parmi les nombreux écrivains qui l’ont tenté pas un n’a réussi. Si l’on voulait me permettre une conjecture je dirais que leur versification consistait dans un arrangement de mots qui s’adaptait aisément à quelque air favori de leur nation. Toute leur poésie dans l’origine devait se chanter sur la harpe.

Il ne déplaira peut-être pas au lecteur de voir ci-dessous un petit échantillon de poésie anglo-saxonne, qu’on croit avoir été composée par Cœdmon, le célèbre moine de Whitby. Bède la traduit dans son Histoire ecclésiastique ; mais il avoue que sa version ne rend pas exactement la force et l’élégance de l’original. (Bède, l, iv, c. 24.) Les vers anglo-saxons se trouvent dans la traduction de Bède par Alfred, et l’on a généralement prétendu qu’ils avaient été copiés par ce prince sur quelque ancien manuscrit. Il me semble également vraisemblable qu’ils étaient de la composition du traducteur royal.


Maintenant nous devons louer
Le gardien du ciel,
La puissance du créateur,
Les pensées de son intelligence,
Les ouvrages du père de la gloire.
Disons comment lui, le Seigneur
Éternel de toute gloire