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Orient le meilleur souvenir : comme tant d’autres, il n’avait jamais vu, si ce n’est dans les livres, les Hollandais se soumettre à des traitements indignes, marcher sur la croix, et n’approcher les hauts fonctionnaires japonais qu’avec des démonstrations du plus servile respect. Au contraire, il avait vécu heureux et estimé au Japon, personne n’avait pris ombrage de ses croyances religieuses, il avait traité avec le gouverneur de Nagasacki sur un pied d’égalité, et la seule entrave mise à sa liberté avait été la défense, justifiée du reste, de se promener sans une escorte japonaise hors des limites de la factorerie.

Le vieux Décima, le Decima pittoresque de Kæmpfer, de Thunberg et de Siebold, a été détruit par un incendie. Le nouveau Decima a perdu tout caractère ; il ressemble à une petite ville de la Frise, et ne contient qu’une demi-douzaine de rues propres et bien alignées. Les maisons, blanchies à la chaux, ont un faux air de casernes. Rien dans la construction ou dans l’aménagement n’y est emprunté au Japon, et les architectes qui les ont bâties semblent n’avoir eu d’autre ambition que celle de rendre à leurs habitants une grossière image de la patrie absente. La factorerie hollandaise sert de résidence à une trentaine de commerçants et à quelques fonctionnaires. Cette petite communauté forme, même au sein de la colonie européenne, une sorte