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-8- était exceptionnellement toléré de quitter momentanément sa triste retraite, pour venir, dans la cité ou le village, prendre part aux joies religieuses, mais sans devoir pénétrer toutefois dans les Eglises ou les Chapelles. Il était obligatoirement revêtu de l'habillement spécial du lépreux, porteur de cliquettes, qu'il devait agiter afin d'avertir de son approche contagieuse le public, qui le fuyait avec horreur et pitié. Il lui était interdit de parler aux personnes qu'il rencontrait, même de répondre à leurs questions, « à moins qu'il ne fût sous le vent », afin de leur éviter les odeurs infectes de son haleine et de son corps: et, dans les chemins étroits surtout, il devait redoubler le bruit de ses cliquettes donnant l'alarme. Défense absolue pour lui d'entrer dans les endroits de manutention ou de vente de produits alimentaires : moulins, boulangeries, fours banaux, boucheries et autres, et, dans ses acquisi- tions, il ne pouvait indiquer ses choix qu'à distance et à l'aide d'une longue baguette. Pareille défense lui était faite de laver son corps ou ses vêtements dans les fontaines et les rivières, qu'il eût contaminées. « Mais toutes ces mesures, devenant impuissantes contre l'envahis- sement grandissant à l'heure des croisades et la multiplicité des huttes trop encombrantes et dangereuses, on dut construire en nombre de grands hopitaux spéciaux, pouvant recueillir et isoler du monde tous les malades; hôpitaux qu'on appela a Léproseries, Maladreries; ou encore Lazarets du nom de St-Lazare, fondateur de l'Ordre des Chevaliers qui se dévouaient aux soins des Lépreux. L'internement de ces derniers dans ces établissements, qui s'y faisait toujours avec le cérémonial mortuaire habituel, étant plus facile, plus général et absolu, ainsi que les soins qui y étaient donnés, garantirent plus efficacement le public de la contagion. A côté de ce progrès, ceux de la civilisation, l'hygiène, la propreté, l'usage du linge, presque inconnu auparavant, contribuèrent puissam- ment à délivrer progressivement l'humanité du terrible fléau, qui, de nos jours, n'a plus laissé de vestiges que par ilots et foyers circonscrits, en Asie, en Amérique, dans le sud et le nord de l'Europe, sans que cependant Paris lui-même en soit exempt, exposé qu'il est par l'afflux des malades qui viennent y chercher la guérison et qu'on laisse, sans plus de surveillance, circuler dans la capitale, leur liberté n'offrant pas, à vrai dire, de réel danger pour la population, à l'abri désormais de la contagion et assurée d'ailleurs que la Science est devenue maîtresse du mal, » FIN DU SUPPLÉMENT PRIX: 0 fr. 10