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-7- vainqueur de leur dernier roi Didier, qui édictèrent les premiers, dans leurs Etats, les prescriptions les plus sévères, d'ailleurs renouvelées de Moïse, contre les lépreux. Mais c'est surtout à chaque retour des Croisades, aux XI et XII° siècles, que cette affreuse maladie prit une extension considérable et où la préservation publique s'imposa alors plus rigoureuse et universellement organisée. C'est l'époque de la création des léproseries dans les centres importants. Celle de Samois à Cour- buisson, fut peut-être la première fondée aprés la léproserie-mère de Baigny. « Mais voici en quoi consistaient, auparavant, les moyens de défense sociale pratiqués contre les lépreux, tant coercitifs qu'humanitaires et prophylactiques Aux premières indications du mal, le sujet suspect était amené à l'examen des médecins; reconnu atteint, une sentence de l'Official le déclarait banni de la Société, mort civilement, dépouillé de ses biens, dont on ne lui laissait que l'usufruit; ne pouvant ni tester ni hériter, abandonné enfin à la charité publique. Une hutte, préparée le plus à l'écart possible, lui était imposée comme seule résidence; mais avant de l'y séquestrer pour la vie, il était conduit au Temple, où lui était récité l'office des morts, qu'il écoutait résigné, la tête e embrun- chiée » d'un voile noir. Le prêtre lui répandait symboliquement sur les pieds une pelletée de la terre du cimetière paroissial; il bénissait les objets divers destinés à son usage, puis invitait les assistants à lui faire chacun son aumône. Ce premier cérémonial funèbre terminé, le Clergé et les Fidèles le conduisaient en procession solennelle à sa hutte solitaire. comme à son tombeau. Le malheureux exilé entré dans ce refuge, le Prêtre projetait de nouveau sur le toit plusieurs pelletées de la terre apportée du Champ de repos, geste qu'il accompagnait de paroles sinistres : « Meurs au monde, mais renais à Dieu », suivies des suprêmes consolations. Enfin après avoir fixé en terre, devant la hutte, une croix de bois, munie d'un tronc destiné aux aumônes, il se retirait avec son cortège et l'assemblée, abandonnant l'infortuné à sa désolation et à son. épouvante. Ce lugubre sort n'était-il pas comparable en quelque sorte à l'effarant supplice du cataleptique, qui, pris pour mort, assiste vivant, mais inerte et impuissant, à toutes les phases de ses propres funérailles, depuis sa mise en bière et son office funèbre, jusqu'à sa descente en terre et à son « enfouissement »! Mais le pitoyable ladre avait en plus les horribles souffrances de sa hideuse maladie, dont nous épargnerons avec soin au lecteur la trop impressionnante description. « Cette relégation à vie, le pauvre interné ne devait jamais l'em- preindre, si ce n'est une fois l'aa, lors des fêtes de Pâques, où il lui