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maux domestiques le seul que l’homme gouverne avec un mors, et comme on a cru que les lèvres exercent une grande influence sur son action, je ne puis les passer sous silence.

Bourgelat attache une grande importance à l’étude des lèvres. Suivant lui, selon qu’elles sont plus ou moins fendues à leur commissure, elles doivent, ou bien empêcher l’action du mors sur les barres, ou bien permettre un jeu trop facile sur celles-ci et même empêcher, en se repliant, le point d’appui sur elles ; mais aujourd’hui, on a su éviter cet inconvénient en adaptant le mors selon les circonstances.

Aujourd’hui, on n’accuse plus les lèvres d’être la cause de la dureté de la bouche chez le cheval, comme on l’avait fait autrefois, mais un vice de conformation de l’encolure ou de l’avant-main, ou encore l’inexpérience et le peu d’intelligence de celui qui l’a dressé ou monté.

Si pourtant les lèvres sont étrangères à l’action du mors sur les barres, elles sont intéressantes à étudier pour reconnaître la noblesse des sujets. Des lèvres amincies, fermes, moyennement fendues, très mobiles, recouvertes d’une peau fine, aux poils courts, rares et soyeux, caractériseront toujours un cheval de sang ; jamais on ne lui verra, comme dans les races abâtardies, ces grosses lèvres, roulées en forme de bourrelet, à peau épaisse, molles et sans caractère. Voyez le cheval de sang quand il est monté ; ses lèvres ont une très grande mobilité, elles donnent à la physionomie de l’animal des expressions très diverses, si accentuées, qu’elles trahissent toutes ses impressions, toutes ses passions : chez certains sujets d’élite, à intelligence très développée, on dirait parfois qu’elles vont prononcer des mots, tant elles parlent.

Les lèvres du cheval commun, au contraire, sont immobiles, souvent pendantes, et laissent écouler une salive filante qui le rend dégoûtant.