Page:Lidforss - Observations sur l’usage syntaxique de Ronsard, 1865.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée
40
L’USAGE SYNTAXIQUE DE RONSARD

y portoit, — lui ietta. Romulus. — Les soudards estoyent fort desplaisans de le voir — en aller. Alcibiades. — Lui avec quarante galères seulement se tira en avant, et s’alla monstrer aux ennemis pour — attirer à la bataille. Ib. — Maupasconfirme jusqu’à un certain degré cet usage, en disant : "Souvent avec les datifs luy leur, nous omettons lesdits accus. « (le, la, les) » qui sont sousentendus. Ne luy ottroies pas. le luy ay promis. Ne leur dites pas. le leur escriroy. « 1 » 1 Mais Vaugelas considère déjà cet usage comme une faute, quoique Amyot l’ait toujours faite, quand il s’agissait d’éviter la cacophonie de le, la ou les se rencontrant avec lui ou leur. L’Académie aussi a été de son avis.

M. Bescherelle ayant déjà fait justice ((Grammaire Nationale n° CCXCIX, CGC et CCCI) de cette prétendue règle que le pronom soi est seulement du singulier et qu’il n’est jamais d’usage qu’avec un sujet indéterminé, nous pourrons nous borner à dire que chez les auteurs du XVI e siècle l’usage des formes lui, elle, eux et elles comme réfléchis est extrêmement rare et qu’au lieu de ces formes on trouve soi presque dans toutes circonstances. En voici des preuves. Pour cela nostre Marguerite, L’unique sœur de nostre Roy, De loin espiant ton mérite, Bonne a tiré le bon à soy. Ronsard. Odes I, 10. — La mort vaut beaucoup mieux, j Puis qu’elle prend à soy les délices des Dieux. Id. Elégie V. — Soit que ta sagesse, ou soit que ta puissance, |Vueille autrement de soy nous donner cognoissance. Jodelle. Cantique Chrestien. — Dieu par ses bénéfices nous attire doucement à soy. Calvin. Ps. XXIII, 4. — Le sacristain ietta les dez pour Hercule premièrement, et puis après pour soi-mesme. Amyot. Roraulus.

II. PRONOMS RELATIFS.

Le pronom relatif lequel s’employait en général très-rarement, et l’on a même calculé qu’aussi tard que le XVII e siècle ce pronom ne se trouve dans toutes les comédies de Molière que trente-sept lois. Il s’ensuit de là que les écrivains devaient nécessairement donner aux autres pronoms relatifs une latitude d’usage plus étendue. En effet on trouve qu’ils n’ont pas hésité à se servir du pronom qui dans toutes les occasions, quand même il était le complément d’une préposition et qu’il se rapportait à un substantif qui signifiait une chose. A côté de cet usage, l’emploi du neutre quoi, quand il s’agit de choses, est très-fréquent chez quelques auteurs et surtout chez Montaigne.

Exemples.

Ronsard. Ce règne heureux et fortuné, | Sous qui l’heureuse destinée | Auoit chanté dés mainte année Qu’vn si grand Prince seroit