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WAGNER ET LE ROMANTISME 71

étaient devenues populaires en Allemagne au moyen âge. Tous ces sujets aussi ont été traités, avant Wagner, par des poètes se rattachant à l'école romantique. Tieck a mis en romances la jeunesse de Siegfried et traité sous forme de nouvelle la légende de Tannhàuser; Fouqué a fait revivre, dans une nouvelle, la légende du Tournoi poétique de la Warlbourg et dans son drame de Sigurd le héros du Nord la légende des Nibelungen ; comme lui, Hoffmann et Novalis ont été inspirés par la légende du Tournoi de la Wartbourg; Immermann après avoir projeté de mettre en vers l'histoire du Chevalier au cygne, a composé un admirable fragment d'épopée sur Tristan et Iseut, et un « mythe » dramatique, Merlin, dans lequel il s'est inspiré de la légende de Parsifal et du Graal ; Heine a directement fourni à Wagner le sujet du Vaisseau-fantôme et donné une version étrange et pleine de poésie de la légende de Tannhàuser; ajoutons enfin que Weber avait songé à traiter cette même légende sous forme d'opéra, d'après un livret de Clemens Brentano, et que Schumann, au moment où Wagner composa son Lohengrin, méditait de traiter un sujet analogue emprunté au cycle de la Table ronde. On voit par cette simple énumération — et il serait aisé de beaucoup allonger notre liste (i ) — que Wagner a toujours traité des motifs qui étaient en quelque sorte « dans l'air », et dont ses devanciers ou ses contemporains avaient senti la haute valeur poétique. Mais, tandis que la plupart des œuvres littéraires du romantisme sont mortes aujourd'hui pour le grand public et n'excitent plus guère que l'intérêt du lettré, Wagner a su trouver,

(1) Sur la Iégende des Nibelungen, surtout, il existe une foule de tragédies outre celle de Fouqué. Citons par exemple celles de F. R. H.'rmaun (1819), de E. VV. Miiller (1822), de F. Waclitler {lS±i de K. F. Eichlioni (1824), de J. Z.iriiauk (1826!, de E. B. S. Kaupacli (1839), de G ir. Wunn (1839), de W. Osterwall (1849), etc.