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II

Le Vaisseau fantôme

L'histoire du Hollandais volant, le sombre héros du premier drame musical de Wagner, est une légende populaire. Son point de départ doit être cherché dans une superstition répandue, de temps immémorial sans doute, parmi les populations maritimes : les vaisseaux destinés à faire naufrage ou qui ont déjà fait naufrage, « reviennent », dit-on, sous forme d'ombres ou de fantômes sur le lieu où la catastrophe s'est produite ou doit se produire. De cette superstition sont nés, par transformation de la croyance populaire en récit épique, un grand nombre de contes où figure un vaisseau maudit qui se montre sous diverses formes aux navigateurs et dont l'apparition est généralement un présage de malheur. Le « Hollandais volant » (cette dénomination bizarre reste inexpliquée) est le capitaine d'un de ces navires. Sa légende — qui n'est ainsi qu'un cas particulier de la légende plus répandue du vaisseau maudit — s'est formée vers l'an 1600 et s'est perpétuée dans les récits des marins hollandais pendant tout le XVII° siècle et le XVIII°. Elle est éteinte aujourd'hui. Mais au moment où elle allait mourir, pendant le second quart du XIX° siècle, elle a été recueillie par divers poètes ou conteurs, tels que Henri Smidt, Marryat, Hauff, Heine qui se sont emparés du vieux motif populaire et lui ont donné les formes variées sous lesquelles il est parvenu jusqu'à nous (i).

(I) Sur la légende du Vaisseau-fautôme voir l'article de Golther, Die Sage vom fliegenden Holldnder dans las Bayreuther Blàtter 189i), p. 307 ss.