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PREMIÈRE ESQUISS DU VAISSEAU-FANTÔME Sj

,pendant une courte apparition qu'il fit à Paris dans le courant de l'année 1840, recommanda instamment Wagner au nouveau directeur de l'Opéra, Léon Pillet, qui fit briller aux yeux du jeune compositeur la perspective de jouer un drame lyrique, écrit par lui tout exprès pour l'Opéra. Enchanté de cette proposition inespérée, Wagner rédigea aussitôt l'esquisse d'un drame sur la légende du Hollandais volant, et s'empressa de la porter à Pillet. Sur ces entrefaites, Meyerbeer avait quitté Paris. Pillet lut le scénario et le trouva si fort de son goût qu'il proposa à l'auteur de le lui acheter, pour l'offrir à un autre musicien; il lui représenta que, par suite d'engagements antérieurs, il ne pourrait représenter un opéra de sa composition avant quatre ans, et, que d'ici là il aurait bien le temps de trouver un autre sujet. Wagner commença par repousser énergiquement ce marché, espérant que le retour de Meyerbeer ferait revenir Pillet à de meilleurs sentiments. Meyerbeer ne reparut pas. Et comme on rapporta à Wagner que Pillet avait mis, sans le consulter, son scénario entre les mains du librettiste Paul Foucher, il se décida, pour ne pas être complètement dépouillé, à céder son esquisse moyennant 500 francs (été i84i). Toutes les tentatives de Wagner pour se faire jouer sur une scène parisienne avaient ainsi lamentablement échoué. Il n'avait même pas réussi à faire apprécier sa musique instrumentale : une de ses ouvertures symphoniques, mise en répétition aux concerts du Conservatoire en janvier 1840, ne fut jamais jouée en public : l'année suivante, il parvint à faire exécuter son ouverture de Christophe Colomb à un concert organisé par l'éditeur Schlesinger (4 février 1841) ; mais les cuivres jouèrent si faux qu'elle demeura inintelligible au public. Naturellement les maigres ressources de Wagner furent bien vite épuisées par le séjour de Paris ;