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IV


Wagner à Paris.

Dans une nouvelle faisant suite au Pèlerinage chez Beethoven et intitulée La fin d'un musicien étranger à Paris, Wagner a raconté sous une forme humoristique et en y ajoutant un dénouement tragique ses propres expériences parisiennes. Il nous présente d'abord son héros, le jeune musicien allemand, fraîchement débarqué à Paris ; il était habillé à la mode de province, escorté d'un magnifique Terre-neuve ; son cœur compatissant plaignait les pauvres chevaux de fiacre qui, roués de coups, glissaient sur le pavé gras ; et il ne s'irritait jamais quand un gamin le bousculait sur un trottoir étroit et le faisait choir dans le ruisseau. « Malheureusement pour lui, il avait une con- science artistique délicate, il était ambitieux mais sans talent pour l'intrigue ; et dans sa jeunesse il avait vu une fois Beethoven, ce qui lui avait tourné la tête à tel point qu'il était impossible qu'il sût faire son chemin à Paris » ; ce naïf enthousiaste était venu tenter fortune à Paris, avec des opéras sérieux et comiques, des partitions de musique instrumentale, des romances, — mais sans argent et sans recommandations, comptant, pour triompher, sur son talent, sur les virtuoses qui chanteraient ses romances dans les salons, sur les directeurs de concerts et de théâtres qui s'empresseraient de soumettre ses œuvres au public, sur la presse impartiale et incorruptible qui ferait connaître partout son nom. Naturellement les désillusions ne se font