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ses premiers grands triomphes avec Robert-le-Diable en 1831 et les Huguenots en 1836; où Halévy faisait représenter de 1835 à 1843 la Juive, la Reine de Chypre et Charles VI, où Donizetti enfin faisait applaudir la Favorite (184o) et Lucie de Lammermoor (1846). Tout naturellement Wagner n'eut d'autre idée, au début, qui d'imiter ce qui s'était déjà fait, d'autre ambition que de faire recevoir et applaudir une pièce de sa composition au Grand-Opéra de Paris. Instinctivement il percevait son sujet, comme il le dit lui-même plus tard dans sa Communication à mes amis, « à travers les lunettes du Grand-Opéra » ; la tragédie de Rienzi se présentait tout naturellement à son imagination sous la forme d'un grand opéra en cinq actes, avec cinq brillants finales, avec hymnes, cortèges, scènes militaires, etc. Il ne visait pas à ménager dans son oeuvre des duos, des trios, des grands airs, mais ceux-ci se présen- taient d'eux-mê'mes parce que son imagination créatrice était en quelque sorte hantée par ces formes traditionnelles du grand opéra. Il ne cherchait pas non plus dans son sujet un prétexte à ballet, mais avec les yeux du compositeur d'opéra, il découvrit tout naturellement que Rienzi devait donner au peuple une fête dans laquelle seraient représentées des scènes caractéristiques empruntées à l'histoire de l'ancienne Rome. Enfin il comptait avant tout sur sa musique pour donner de la vie à son drame ; au point de vue du style et de la facture du vers, ses ambitions n'allaient qu'à composer un bon libretto, suffisamment intéressant et sans platitudes (1). Bref Rienzi est encore de tout point conforme au type traditionnel du grand opéra. Sujet historique, pièce à grand spectacle, sans prétentions spécifiquement littéraires, pantomime-ballet, mu-

(1) Ges. Schr. IV, 237, 2S8 s., cf. /, 20.