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sans efforts, tout en se jouant, il se trouva initié, au sortir de l'enfance, à tous ces mille petits détails de la technique du drame si malaisés à connaître sans une longue pra tique du théâtre, et dont la science, pourtant, est indispen- sable à tout auteur qui veut écrire des pièces véritable- ment faites pour la scène. Pour bien comprendre quelle fut la nature particulière du génie de Wagner, il n'est pas indifférent de constater que le goût de la musique fut chez lui postérieur au goût pour la littérature et en particulier pour le drame. C'est par le drame, en effet, qu'il est arrivé à la musique, et le goût du drame a été chez lui le fruit de l'éducation clas- sique qu'il reçut à Dresde et à Leipzig. Le 2 décembre 1822, moins d'un an après la mort de son père adoptif, le jeune Richard, âgé à ce moment de neuf ans, fut envoyé à la Kreuzschule de Dresde. Sa mère, en lui faisant donner une éducation classique complète, obéissait à un vœu de Geyer qui aimait tendrement son fds d'adoption et désirait lui voir « faire des études ». L'enfant ne tarda pas à se distin- guer par une ardeur extraordinaire au travail; il se prit, tout petit déjà, d'une grande passion pour l'antiquité clas- sique, et décida à l'âge de onze ans qu'il serait poète. Ses premiers essais furent des drames antiques composés sur le modèle des tragédies du poète saxon Apel, un imitateur moderne de l'art grec, très estimé à Dresde et ami person- nel d'Adolphe Wagner. En même temps qu'il ébauchait ainsi des drames, il s'essayait aussi dans le genre lyrique ; une de ses poésies, composée à l'occasion de la mort d'un camarade, fut même jugée digne par le directeur de la Kreuzschule des honneurs de l'impression. A treize ans, il avait traduit les douze premiers chants de l'Odyssée ; il passait pour une forte tête en littérature et ses professeurs voyaient déjà en lui un futur philologue. Vers la même