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tels que Wagner les a vus avec son œil intérieur, doivent bouleverser et ravir le spectateur. La réception des hôtes dans la salle de la Wartbourg, l'apparition et le départ de Lohengrin dans la barque tirée par un cygne, les ébats des trois filles du Rhin dans le fleuve, le défilé des dieux sur le pont d'arc-en-ciel vers la burg des Ases, l'irruption de la lumière lunaire dans la cabane de Hunding, la chevau- chée des neuf Walküres sur le champ de bataille, Brünn- hilde dans le cercle de feu, ...l'agape des chevaliers dans le château du Graal, les funérailles de Titurel et la guérison d'Amfortas, — ce sont là des tableaux qui n'ont pas jus- qu'ici leurs pareils dans l'art. » (i) Qui sait si ce talent prodigieux de « peintre à fresque » que ne lui contestent pas ses détracteurs les plus résolus, n'a pas germé en lui, tandis que, tout enfant, il regardait avec admiration les tableaux de Louis Geyer et étudiait sous sa direction les premiers éléments du dessin. D'autres influences semblaient devoir pousser Wagner vers la carrière d'artiste dramatique. Son père, Frédéric Wagner, amateur passionné de théâtre, avait joué jadis lui-même à Leipzig sur une scène d'amateurs et destinait au théâtre l'aînée de ses filles, Rosalie. L'influence que Geyer, qui était acteur de profession, exerça ensuite sur ses enfants adoptifs vint encore fortifier chez eux ce goût héréditaire que leur avait légué leur père. Rosalie Wagner fut actrice comme l'avait voulu son père el débuta à quinze ans au théâtre de Leipzig. Deux de ses sœurs imitèrent son exemple : la première, Louise, joua dès l'âge de dix ans des rôles d'enfants ; la seconde, Clara, fit ses débuts sur les planches vers le même âge. Le frère aîné de Wagner,

(l) M. Nordau, Dégénérescence ; 4^ édition 1896, tome I, p. 346, cf. Frejtas. Erinnerungèn, ç , 204 s, et Nietzsche, Werke; Leipzig 1893-97, lome VIII, p. 26.