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il la suivit, une fois qu'il s'y fut engagé, avec une incroya- ble énergie et sans jamais se laisser arrêter par les obstacles de toute sorte qui s'accumulèrent devant lui. L'une des premières influences auxquelles fut soumise la jeunesse de Richard Wagner, est, tout naturellement, celle de Geyer son père adoptif. Louis Geyer, qui était acteur de profession et gagnait très honorablement sa vie au théâtre, avait en outre un talent assez modeste quoique réel pour la peinture qui l'avait attiré tout enfant et qu'il n'avait jamais cessé de cultiver avec un amour tout parti- culier. Il finit même par jouir comme portraitiste d'une assez jolie réputation ; si bien que, tout en continuant son métier de comédien, il fit les portraits d'une foule de hauts personnages, entre autres ceux du roi et de la reine de Saxe et de la reine de Bavière. Et comme il était infi- niment plus heureux de ses succès de peintre que de ses succès de comédien, il rêva de voir son fils d'adoption de- venir un maître dans cet art où il n'avait lui-même pu être qu'un amateur. Il chercha donc à faire naître en lui le goût de la peinture. Mais le jeune Richard fut bien vite rebuté par les débuts forcément arides de l'enseignement technique du dessin. Il aurait volontiers composé tout de suite des grands tableaux comme ceux qu'il voyait dans l'atelier de son père adoptif ; au lieu de cela, « on l'obli- geait à dessiner indéfiniment des yeux » et cette besogne ne tarda pas à l'ennuyer. Mais si ces études de dessin et de peinture ne furent, pas poussées bien loin, ce n'est pas à dire qu'elles aient été inutiles au développement du génie de 'agner. On sait en efl'et à quel point se développa plus tard chez lui l'imagination pittoresque. « Chaque action », dit un critique peu suspect de partialité en sa faveur, « s'incarne pour lui dans une suite de ta- bleaux des plus grandioses, qui, quand ils sont composés