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Geyer étant mort, lui aussi, en 1821, la famille Wagner, privée pour la seconde fois de son chef, revint quelques an- nées après, en 1827, se fixer dans sa ville natale, Leipzig, où le jeune Richard termina ses classes et fit des études universitaires d'ailleurs très sommaires. La vie extérieure de Wagner est, comme on le voit, assez pauvre en événe- ments saillants ; elle se passe tout entière dans le même milieu, en Saxe, entre Leipzig et Dresde. Sans nous y ar- rêter plus longuement, arrivons immédiatement à l'histoire de sa vie intérieure. Un fait frappe tout d'abord le critique qui cherche à comprendre comment et sous quelles influences a pris naissance le génie dramatique et musical de Wagner : il n'est rien moins qu'un enfant prodige ; bien plus, son gé- nie ne s'annonce même pas, pendant ses années de jeu- nesse, par une de ces vocations spontanées et impérieuses qui décident sans résistance possible de la vie d'un ar- tiste. Il forme à ce point de vue le contraste le plus com- plet qu'il soit possible d'imaginer avec un autre grand génie musical que la critique s'est de tout temps plu à lui opposer, avec Mozart qui, à trois ans, essayait de repro- duire sur le clavecin les exercices joués par sa sœur aînée, et qui, plus tard, apprenait tout seul le violon ; qui, à six ans, partait en tournée de concerts avec son père et sa sœur, émerveillant les dilettantes de Munich et de Vienne par sa virtuosité sur le clavecin, et qui, à sept ans, com- posait à Paris deux sonates pour violon et clavecin qui font partie de la série de ses œuvres complètes. Rien de sem- blable chez Wagner. Ayant perdu son père à six mois, puis son père adoptif à huit ans, il n'eut pas, près de lui, une vo- lonté d'homme pour le diriger à ses débuts dans la vie. Ses parents ne lui imposèrent aucune profession, ne le poussè- rent pas systématiquement dans une direction donnée, mais