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LE VOLKSLIED DE TANNHÀUSER

Le chevalier Taunhäuser, raconte le lied voulut connaître le plaisir d'amour et descendit dans la montagne de Vénus où pendant un an il fut aimé de la déesse. Mais au bout de ce temps la lassitude, le remords, la crainte d'avoir perdu son âme s'emparent de lui ; il prend congé de Vénus, renonce à son amour maudit et, invoquant l'appui de Marie, la vierge pure, quitte la montagne, le cœur gonflé de tristesse et de repentir. « Je veux aller à Rome, la ville sainte, et me confier au pape. « Joyeux je vais mon chemin — Dieu m'ait en sa garde — vers le pape qui a nom Urbain ; puisse-t-il me donner le salut. « pape Urbain, ô mon seigneur, je viens m'accuser par devers vous du péché que j'ai commis — je vais vous le dire : « J'ai été pendant un an chez Vénus, la belle dame ; maintenant je veux me confesser et faire pénitence ; puissé-je revoir la face de Dieu. » « Le pape avait en main un bâton fait d'une branche sè- che : « Quand ce bâton portera des feuilles. Dieu te ren- « dra sa grâce. » « Le chevalier s'éloigna de la ville, triste et le cœur do- lent : « Marie, ô sainte mère, vierge sans tache, il me faut « vous quitter. » « Et il retourna vers la montagne, à tout jamais et pour l'éternité : « Je reviens vers Vénus ma tendre dame, où Dieu « même m'envoie. »

tard. Cette légende italienne n'est elle-même que l'adaptation aux idées chrétiennes d'un thème très ancien et très répandu, de formation celtique peut-être d'après G. Paris, et qui peut se résumer ainsi : un mortel, grâce à l'amour d'une déesse, pénètre tout vivant dans la région surnaturelle où brille un éternel printemps et où règne un immuable bonheur; mais au sein de la félicité il éprouve le désir de revoir le monde des vivants, y reparaît en effet et finit par rentrer dans le séjour féerique où l'attendent l'amour et l'immortalité.