éteinte mais très ardente pour Julie, les soucis que lui donnent une affaire de dettes restée mystérieuse, où il se conduisit, au dire de Schlegel, « comme un enfant » et où l’honneur de sa famille risqua, paraît-il, un instant de se trouver compromis, toutes ces circonstances réunies suscitent chez lui une véritable détresse morale. Il songe à lâcher toutes les études et à se faire soldat. Il se découvre brusquement une vocation militaire qui s’impose à son imagination, vers le début de 1793, avec l’intensité d’une idée fixe. Il lui semble que le service des armes sera pour lui la meilleure discipline morale. Obligé de « se plier aux règles rigides d’un système », astreint à l’accomplissement strict de devoirs bien définis et à des besognes en grande partie machinales, il acquerra peu à peu, affirme-t-il, cette fermeté de caractère qui lui fait défaut. Son père, impressionné d’abord par la solennité de son langage, se montre tout prêt à acquiescer à son désir. Il se rend alors à Eisleben pour s’entendre définitivement avec les siens. Mais lorsqu’il se trouve en présence de la réalité prosaïque, son grand projet lui apparaît beaucoup moins séduisant. Il apprend que la situation financière de son père n’est rien moins que brillante, qu’il ne peut être question pour lui d’entrer dans quelque régiment de cavalerie élégant, que son avancement serait lent, son existence matérielle étriquée et médiocre. Et
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LA JEUNESSE DE NOVALIS