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DOCTRINE RELIGIEUSE DE NOVALIS

Ce Dieu que révère Novalis ne se confond pas avec l’univers, et cependant ne s’oppose pas non plus à lui. Ce n’est ni le Dieu-Nature des panthéistes ni le moi des philosophes. Il n’est pas la nature puisqu’il est au contraire « la fin où tend la nature, ce avec quoi elle doit un jour s’harmoniser ». Il n’est pas davantage le moi, car il est « le monde suprasensible dans sa pureté », alors que le moi n’est « qu’une parcelle impure de ce monde ». En ce sens Novalis n’hésite pas à dire que « Dieu est exactement aussi personnel et individuel que nous ». Mais Dieu n’est pas non plus extérieur au monde et au moi. « C’est parmi les hommes qu’il faut chercher Dieu. C’est dans les évènements humains, dans les pensées, dans les sentiments humains que se manifeste le plus clairement l’esprit céleste ». Dieu peut nous apparaître en chaque homme ; tout le bien que contient l’univers est dû à son action immédiate. Aussi est-il légitime que l’homme pieux voie partout la main de Dieu. Il est l’idéal vers qui nous cherchons à nous élever, vers qui tend l’univers entier. Notre but c’est de devenir « pareils à Dieu » ; et nous y parviendrons quand nous aurons « établi l’harmonie entre notre intelligence et notre univers », en d’autre terme lorsque nous saurons pratiquer l’idéalisme magique. Par le rétablissement de l’unité, par l’avènement du royaume de l’Éternité, l’homme s’absorbe en Dieu, devient identique à Dieu.