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sées. La figure de M. Aaron s’entoure à ses yeux d’un nimbe éclatant. Tout, il a tout donné à ce pauvre, d’un petit geste, comme ça, vite, sans avoir l’air d’y faire attention. Et il y avait sûrement des tas de sous et même des pièces d’or dans la bourse… On a beau dire, il n’y a pas beaucoup de gens qui feraient ça… Il n’y en a pas beaucoup.

Une rougeur monte au front de Trott. Il ouvre sa main gauche et y aperçoit ses deux sous. Il n’a seulement pas songé à les donner au pauvre, lui. Et pourtant il n’a pas besoin de gâteau ou de sucre d’orge. C’est seulement par gourmandise qu’il va s’en acheter un. Et le pauvre peut-être n’en a jamais goûté. Une tristesse amère envahit l’âme de Trott. Il regarde en arrière. Le pauvre a disparu. Il est trop tard