Page:Lichtenberger - La Philosophie de Nietzsche.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Schubert et Mendelssohn, plus tard aussi pour Wagner qui devint de bonne heure un de ses auteurs de prédilection. Dès l’âge de neuf ans aussi il commença à composer de petits morceaux de musique ; bientôt l’une de ses distractions favorites fut d’improviser, de laisser aller ses doigts sur les touches du piano au hasard de sa rêverie. Il ne négligeait d’ailleurs pas, pour cela, l’étude sérieuse de la musique : avec cette conscience qu’il mettait en toutes choses il travailla sérieusement son piano et acquit sur cet instrument une force assez respectable ; il lut énormément de musique ; plus tard il fit même de l’harmonie et il étudia sérieusement la composition. Un instant il fut sur le point de se vouer entièrement à la musique ; dans un Journal écrit en 1869 il raconte que si les circonstances s’y étaient prêtées, il serait peut-être devenu musicien. Il renonça d’ailleurs très vite à s’engager dans cette carrière pour laquelle il n’avait pas d’aptitudes suffisantes, mais le goût de la musique lui resta pour sa vie entière. Il garda toujours un remarquable talent d’improvisation qui faisait l’admiration de Mme Cosima Wagner et charmait encore en 1877 à Rosenlaui l’empereur et l’impératrice du Brésil. Surtout il ressentit toujours un vif attrait pour tous les problèmes obscurs de l’esthétique musicale qu’il aborda avec la double compétence du philosophe et de l’artiste.

Dès son enfance, aussi, Nietzsche fut attiré par la poésie. Sa sœur nous a conservé un grand nombre de poésies de jeunesse écrites pour la plupart de 1858 à 1864 et qui témoignent d’une sensibilité délicate et d’une réelle facilité à tourner le vers.

Plus tard aussi, à diverses époques de sa vie, principalement en 1877, en 1882, en 1884 et en 1888, il a composé un assez grand nombre de poèmes, d’allure philosophique le plus souvent, et où éclatent ça et là des beautés de premier ordre.