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CHAPITRE VI

CONCLUSION


Nietzsche a eu le privilège, — assez rare pour un philosophe allemand — d’être lu et discuté non pas seulement par les hommes du métier, mais aussi par le grand public. Dans ces dix dernières années surtout, la littérature « nietzschéenne » s’est accrue dans des proportions formidables : la plupart des revues et journaux philosophiques ou littéraires ont publié des articles sur la personne ou l’œuvre de Nietzsche. Il est aujourd’hui « à la mode », comme Wagner ou Botticelli, Ibsen ou Ruskin… Nombre de ses admirateurs n’hésitent pas à voir en lui le penseur le plus original et le plus profond de l’Allemagne moderne, le premier moraliste du siècle, le Darwin de la morale. Mais de même qu’il a ses partisans enthousiastes, il a aussi ses adversaires acharnés, qui le traitent couramment d’ignorant, d’imbécile, de détraqué, de perturbateur de la santé et de la morale publiques. Et entre les deux camps ennemis, le gros du public, demeure, je crois, assez indécis, séduit d’une part par le « modernisme » de Nietzsche et par l’étrangeté apparente de ses idées, mais un peu défiant cependant, d’autre part, et se demandant jusqu’à quel point il convient de prendre au sérieux les paradoxes étincelants d’un penseur qui s’écarte à ce point de toutes les opinions généralement admises. Nous voudrions essayer, comme conclusion de cette étude, d’indiquer sommairement les principales objections faites aux théories de Nietzsche et l’importance que nous leur