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LA PETITE SŒUR DE TROTT

trop peu pour émouvoir notre épaisse faculté de sentir et réveiller notre conscience alourdie. Et quand nous nous réveillons, cela s’enfuit et s’efface d’autant plus vite que nous nous efforçons davantage de le ressaisir. Ce sont des sensations de ce genre, très ténues, très nombreuses, infiniment variées, qui viennent frapper la faculté de sentir de Mlle Lucette. Elle ne les sent pas et ne s’en doute pas ; plus tard, jamais elle ne s’en souviendra ; mais elles s’empilent et s’accumulent tous les jours, et peu à peu elles forment comme une pyramide qui émerge du brouillard général. Et c’est pour cela que l’autre jour Mlle Lucette s’est mise à sourire en apercevant un rayon de soleil, elle qui jamais auparavant n’y avait prêté nulle attention. Il s’est fait ainsi en elle, depuis le jour lointain et pourtant si proche de sa naissance, toute une