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MADEMOISELLE LUCETTE

forme, où passent très vaguement des choses peu distinctes qui suggèrent des sensations variables, très confuses quant aux détails, très nettes parfois pour ce qui est de savoir si elles sont de plaisir ou de douleur : quand les choses du dehors frappent agréablement, Mlle Lucette approuve : gueu-gueu-gueu ; et quand c’est le contraire, on entend : ouin-in-in. Et il y a une foule de sensations qui ne sont ni agréables ni désagréables, à peine senties, et qu’elle subit en bavant d’un air distrait. Mais chaque jour le nombre des choses réellement perçues augmente prodigieusement, et le brouillard s’éclaire d’étonnantes percées lumineuses. Quelquefois, en nous réveillant, nous sentons que des songes très légers, très fugitifs, viennent de s’estomper en nous ; il y a dans notre âme un petit fond trouble, un trou où quelque chose a passé qui s’est évaporé. Cela a été