Page:Lichtenberger - La Petite Soeur de Trott.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
UNE BOSSE

était si occupée à lui faire des mines qu’elle a à peine donné à Trott un petit baiser très leste. Alors Trott a eu très froid dans le cœur et est allé s’asseoir tout seul près de la fenêtre à regarder la nuit descendre lentement sur le jardin.

Puis papa est entré. Il s’est assis près de la petite, a dit à Trott : « Tiens, tu boudes, mon garçon ? » et s’est mis à bavarder avec maman par-dessus le poupon qui tenait son doigt. Et Trott s’est rencogné dans son coin, et sa mélancolie s’est faite plus noire. C’est sûr maintenant, tout à fait sûr, qu’on ne l’aime plus. Autrefois, quand il était méchant, on le grondait un peu, et puis c’était fini ; on l’embrassait plus fort, et c’était presque très bon d’avoir été grondé. Maintenant on le gronde plus sévèrement et on ne le caresse plus du tout. Que faire ? dire qu’autrefois on l’aimait tant,