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LA PETITE SŒUR DE TROTT

sachant qu’elle faisait quelque chose de défendu, elle s’est glissée dans l’entre-bâillement et s’est avancée à pas furtifs, à la fois fière, honteuse et un peu inquiète de son expédition. Et, sans rien dire d’abord, elle s’est mise à regarder sa maman, qui ne la regardait pas…

Et qu’a-t-elle vu sur la figure désolée de sa pauvre maman ? Qu’a-t-elle vu ? Peut-être pas grand’chose ; peut-être rien du tout. Peut-être n’a-t-elle agi que par geste machinal de petit animal caressant qui veut être caressé. Mais peut-être aussi a-t-elle aperçu les larmes de sa maman et très obscurément éprouvé quelque chose de nouveau. Peut-être, pour la première fois, un petit coin entièrement fermé de son âme s’est ouvert ; peut-être a-t-elle vaguement perçu un tout petit effluve d’un sentiment très tendre et très doux, de celui qui rend