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Les sergots s’usèrent les ongles à gratter ces affiches et Durand s’en alla soucieux. Lorsque au coin de l’avenue, un bruit de clairons et tambours se fit entendre et au loin apparurent deux bataillons. Il se sentit protégé et poussa un soupir de soulagement.

La troupe passant devant lui, il se découvrit ; à ce moment, comme un vol de papillons, flotta dans l’air une multitude de carrés de papier ; indifféremment, il lut :

L’armée est l’école du crime.
Vive l’Anarchie !

Quelques-uns de ces papiers volèrent sur les soldats, d’autres les couvrirent ; l’obsession le reprit, il se sentit comme écrasé par ces légers papillons.

Comme il s’asseyait en sa place ordinaire pour prendre le bock ou l’apéritif habituel, sur la table s’étalait encore une étiquette :

Va, gave-toi, bourgeois, le jour viendra où la haine nous rendra cannibales.
Vive l’Anarchie !