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Il ne saurait nous importer d’un résultat immédiat, tangible, mais qui retarderait, détournerait du chemin exact. L’appât des réformes sollicitant la masse des hommes ne saurait nous attarder.

Pour précipiter notre marche, nous n’avons pas besoin des mirages nous montrant le but tout proche, à portée de notre main. Il nous suffit de savoir que nous allons… et que, si parfois nous piétinons sur place, nous ne nous égarons pas.

Le mirage vous appelle à droite et à gauche, vous détourne, et, si l’on réussit à revenir sur la bonne route, c’est affaissé et diminué par l’illusion perdue. La griserie des mots et des illusions ressemble à celle de l’alcool, elle peut jeter les foules dans un mouvement passionné, vers un but tout proche ; mais les foules s’arrêtent, dégrisées. Elles s’arrêtent découragées par le vide du résultat. La constance du courage n’est pas dans le fait d’arriver, mais dans la certitude d’avoir raison.