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Ceux qui envisagent le but dès les premiers pas, ceux qui veulent la certitude d’y atteindre avant de marcher n’y arrivent jamais.

Quel que soit le travail entrepris, si près en soit l’achèvement, qui peut dire en voir la fin ? Qui peut dire : je récolterai amplement ce que je sème ; j’habiterai cette maison que je construis, je mangerai les fruits de l’arbre que je plante ?

Et pourtant, on jette le blé en la terre, on assemble les pierres les unes aux autres, on entoure de soins l’arbrisseau.

Parce qu’on ne connaît pas de façon certaine, sûre, pour qui, comment, quand sera le résultat, va-t-on négliger les efforts pour qu’il soit possiblement bon ? Va-t-on jeter le grain sur la roche dure ou le mélanger à l’ivraie ? Va-t-on assembler les pierres sans l’équerre et le fil à plomb ? Va-t-on mettre le plant au carrefour à tous les vents ?