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On ne sait quelle nausée monte au cœur en face de la société, on veut lutter, mais en vain, et lentement, lentement, on descend vers la mort.

Et c’est là une grève plus terrible que toutes les grèves : c’est la grève des vivants.

À toute heure et sans mot d’ordre, on quitte le chantier : la vie, et on entre dans l’éternel repos.

Les épaules se voûtent, les bras se lassent, les cerveaux s’annihilent, les énergies s’émasculent et l’on va vers la mort.



On y va, on y court comme à une partie de plaisir, comme à un voyage d’amour.

Là, ce sont des amoureux que l’on empêche de s’aimer et qui s’en vont, les lèvres unies, après avoir bien sagement averti leurs parents de la cause et des effets.