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leurs médecins de Madrid, il quitta l’hôtel de Las Cisternas, et dirigea sa course vers le palais du cardinal-duc.

Son désappointement fut extrême lorsqu’il apprit que des affaires d’état avaient obligé le cardinal à partir pour vendredi ; mais, en voyageant jour et nuit, il espéra revenir à temps pour le pèlerinage de sainte Claire : il y réussit. Il trouva le cardinal-duc, et lui exposa le crime présumé de l’abbesse, ainsi que les effets violents qu’il avait produits sur don Raymond. Il ne pouvait employer d’argument plus puissant que ce dernier. De tous ses neveux, le marquis était le seul auquel le cardinal-duc fût sincèrement attaché : c’était une adoration véritable, et à ses yeux l’abbesse ne pouvait pas avoir commis de plus grand crime que d’avoir mis en danger la vie du marquis. Aussi, il accorda sans difficulté le mandat d’arrêt ; il donna en outre à Lorenzo une lettre pour le principal officier de l’inquisition, par laquelle il lui recommandait de veiller à l’exécution du mandat. Muni de ces papiers, Médina se hâta de revenir à Madrid, où il arriva le vendredi quelques heures avant la nuit. Il trouva le marquis un peu mieux, mais si faible, si épuisé, qu’il ne pouvait parler ou remuer sans de grands efforts. Ayant passé une heure près de lui, Lorenzo le quitta pour communiquer son projet à son oncle, et aussi pour remettre à don Ramirez de Mello la lettre du cardinal. Le premier fut pétrifié d’horreur en apprenant le sort de sa malheureuse nièce ; il encouragea Lorenzo à punir les assassins, et s’engagea à l’accompagner la nuit au couvent de Sainte-Claire. Don Ramirez promit le plus ferme appui, et choisit une bande d’archers sûrs pour prévenir l’opposition de la populace.

Mais tandis que Lorenzo était impatient de démasquer l’hypocrite religieuse, il ne se doutait pas des chagrins